Saignée par les armateurs étrangers, l’Algérie prévoit la reconstruction du pavillon national
Le pavillon national ne couvre que 3% du marché de transport maritime qui représente pourtant près de 95% des échanges commerciaux de l'Algérie. Le pays projette d'atteindre un taux situé entre 20 et 30%.
La modernisation du pavillon national est devenue une nécessité vitale pour les pouvoirs publics, au regard des enjeux stratégiques que ce secteur implique, a expliqué à l’APS, Abdelkrim Rezal, directeur d'études au ministère des Transports. C’est ainsi que, relève le responsable, près de 95% des échanges commerciaux de l'Algérie se font aujourd'hui par voie maritime. « C'est pourquoi les pouvoirs publics ont décidé de refonder et de reconstruire le pavillon national pour des raisons stratégiques notamment la régulation du trafic portuaire », a-t-il ajouté. Sans avancer de chiffres, Abdelkrim Rezal affirme que durant les trois dernières années, des enveloppes financières importantes ont été consacrées au développement intégré de tout le secteur maritime et portuaire algérien. Ainsi, des crédits ont été alloués pour l'acquisition de 25 navires de marchandises et 2 navires pour les passagers.
« La flotte algérienne était dans les années 1980 classée parmi les 50 premières flottes mondiales car elle disposait de navires les plus modernes et sophistiqués de la région, ce qui nous a permis de couvrir nos besoins en matière de transport », a-t-il fait remarquer. Au lieu de continuer sur cette voie de développement, le secteur a lourdement pâti de l’arrêt de l’investissement, ainsi qu’un tas d’autres facteurs liés aux difficultés de gestion, au développement de nouvelles technologies et l’ouverture du secteur à la concurrence. Autant de facteurs qui ont permis à d'autres armements de grignoter des parts de marché au pavillon national, a regretté Rezal.
Investir dans la réparation navale
L’investissement dans les moyens logistiques n’est pas la seule voie pour faire développer le secteur maritime, il y a aussi le développement de la réparation et de la maintenance navale. Selon M. Rezal, les capacités nationales de réparation navale ne couvrent actuellement que 10 à 14% des besoins, l'essentiel des interventions et des arrêts techniques sont effectués dans des chantiers étrangers, avec ce que cela implique comme dépenses importantes qui gagneraient à être investies dans le domaine. A titre d’illustration, la facture de réparation navale a atteint un pic de 50 millions de dollars par an quand la flotte algérienne a connu son apogée avec pas moins de 75 navires de tous types.
La conteneurisation, Talon d’Achille
Autre préoccupation soulevée, le développement et la modernisation des infrastructures portuaires pour lesquels un programme a été lancé « car la tendance du transport maritime, souligne le cadre du ministère des transports, c'est la conteneurisation de toutes les marchandises diverses ». Sur ce registre, aussi, l’Algérie connait un retard par rapport à la tendance mondiale. En effet, les marchandises conteneurisables ont atteint un taux de 70% au niveau mondial, alors qu'en Algérie ce taux se situe entre 35 et 45%, d'où la nécessité, explique ce responsable, de se mettre au diapason par le développement de terminaux spécialisés pour le traitement de conteneurs. Actuellement les conteneurs destinés à l'Algérie sont transbordés dans des ports méditerranéens notamment en Espagne, Italie, Malte pour être transportés par des petits navires "Fedels" vers les ports nationaux, induisant par la même des surcoûts. L’Etat tente de remédier en engageant des partenariats avec des opérateurs internationaux spécialisés dans les terminaux à conteneurs. D’abord en 2004 avec le singapourien Portek dans le cadre d’une jointe venture avec l'Entreprise Portuaire de Bejaia (EPB), le Bejaia le Mediterranean Terminal (BMT). Ensuite en 2009 avec l’émirati DP World pour le terminal conteneurs du Port d’Alger en partenariat avec l’Entreprise du Port d’Alger(EPA). Cela devrait se renforcer par la réalisation prochaine d'un nouveau port commercial entre les villes de Dellys (Boumerdès) et de Ténès (Chlef) devrait répondre aux besoins de développement du secteur portuaire.