Retarder le lancement du e-paiement est coûteux pour l’économie numérique DZ

16/07/2014 - 6:03


L’Algérie arrive à la 48e place dans le classement des "trois plus importantes entreprises Internet" de 50 pays, selon World Startup Report. Juste devant le Kosovo et l’Ethiopie. La valeur globale des trois entreprises algériennes est de 7 millions $. Cette faible valorisation est le résultat direct de l’absence du e-Paiement en Algérie.
 
Les sites Internet de OuedKniss, Djelfa Info et Echoroukonline ont été retenus dans le classement mondial des "trois plus importantes entreprises Internet dans chaque pays". Avec ces trois plateformes Web, dont la valeur globale a atteint 7 millions de dollars, l’Algérie a décroché la 48e place sur 50 pays. Devant le Kosovo et l’Ethiopie, et derrière le Pérou, le Koweït, le Costa Rica (qui fait le triple en valeur de l’Algérie). OuedKniss, classé catégorie e-commerce, a été valorisé à 4 millions de dollars. Djelfa Info et Echoroukonline, respectivement 2 et 1 millions de dollars.
S’il n’est point besoin d’un classement mondial pour comprendre que des sites Internet ont une valeur marchande, selon leur contenu, le nombre et la fréquences des visites qu’ils enregistrent, il est, par contre, très important, de constater que cette valorisation dépend aussi d’un autre facteur qu’est le e-paiement. Pour exister, un site Web vend des espaces de publicité, mais doit également pouvoir proposer des services payants. A ce jour, ces services payants sont difficilement envisageables en raison de l’absence du paiement électronique.
Les quelques sites en Algérie qui proposent des services de e-paiement, et des offres de e-commerce ne dépassent pas la dizaine, lorsque la plupart parmi eux n’offrent pas vraiment le paiement électronique mais des formes détournées.
Valorisation
Selon Alexa.com, le premier site d'annonces DZ, OuedKniss, est classé 9e en Algérie en nombre de visiteurs. Plus de 93% de ses visiteurs proviennent d’Algérie. Le reste est réparti, par ordre d’importance, entre la France, la Belgique, les Etats-Unis et l’Italie. Et en fouinant un peu plus dans les résultats d’Alexa.com, on peut constater que OuedKniss est en réalité le 1er site Algérien, puisque parmi les 8 autres sites qui le précèdent dans le classement général, tous sont étrangers, comme Facebook, Google, Youtube, Yahoo, Ask, et Adcash. Le 10e sur la liste est celui du journal sportif El Heddaf.
La valorisation de OuedKniss tient compte bien évidemment du nombre de visiteurs. Ainsi, toujours selon Alexa.com, le taux de rebond de OuedKniss (pourcentage de visites où l'internaute ne consulte qu'une seule page du site) est de 7,1% (à moins de 30% les spécialistes considèrent qu’il s’agit d’un bon taux). Le nombre de pages par visiteurs est de l’ordre de 27. Alors que le temps que met un visiteur sur ce site, dépasse les 24 minutes.
Mais ce qui manque réellement à la valorisation de OuedKniss, c’est la possibilité de proposer du e-Commerce. D’ailleurs, dans le classement de World Startup Report, le premier site d’annonces en Algérie est répertorié comme une plateforme de e-Commerce. Imaginons un instant la valorisation de OuedKniss si, parmi les nombreux services proposés, certains étaient monnayables donc accessibles via le e-paiement.
Les sites DZ de e-Commerce agonisent
Dans le classement de World Startup Report, les plus petites valorisations d’un site de e-Commerce sont celles de startups au Kosovo (600.000 dollars) et en Ethiopie (750.000 dollars), une seule à 1 million de dollars (au Pérou) et deux à 4 millions de dollars, dont OuedKniss. Le reste des startups de e-Commerce (une trentaine au total) est estimé à des valeurs variant de 10 millions de dollars à 200 milliards de dollars (cas de la Chine).
L’absence du e-Paiement en Algérie est donc un sérieux handicap dans la valorisation des sites Web algériens. Aux Etats-Unis et ailleurs, des lanceurs de startups sur Internet se sont fait une spécialité de créer, de valoriser avant de revendre leurs petites entreprises. Des petites plateformes au départ, devenues des applications, se sont négociées à plusieurs milliards de dollars.
En Algérie, où les compétences et les idées ne manquent pas, encore moins le marché constitué de plusieurs millions d’internautes, le blocage du e-Paiement sanctionne toute initiative. Plusieurs sites dont la raison d’être est le e-Commerce, comme e-Pay (services financiers sur le Web), Awras (vente de livres sur Internet), Tbeznyss (vente de produits informatiques sur Internet), et eChrily (devenu www.agroalgerie.com), tournent au ralenti et se contentent de faire du paiement à la livraison, ou à partir d'un solde valide que le client détient auprès ePay.dz alimenté par des cartes de recharges.
Le retard du lancement du e-paiement est donc coûteux non seulement pour le fonctionnement de l’économie en général, mais particulièrement pour l’économie numérique.