On rejoue la guerre
Une nouvelle fois, l’Algérie est au cœur des polémiques en France, après la victoire des Verts, et leur qualification pour les 8es de finale de la Coupe du monde de football. L’engouement de jeunes gens pour l’équipe des Fennecs provoque l’ire de l’éditorialiste du quotidien Le Figaro : « leurs parents ayant refusé l’Algérie française, ils veulent la France algérienne. Leurs drapeaux brandis dans les rues expriment un refus du vivre-ensemble, voire une contre-colonisation ». Une charge d’une violence inouïe.
Sans nuance
Les historiens détestent, par dessus tout, la politisation de l’histoire. Il faut avoir une bonne dose de mauvaise foi, pour faire un rapprochement entre la guerre d’Algérie, et les problèmes d’intégration des jeunes français. La sociologie, et l’histoire se complètent, parfois, mais ce sont des disciplines qui ne peuvent se télescoper. L’interprétation faite par Le Figaro (édition du 27 juin 2014) est sans nuance, il n’y a aucun doute possible sur l’objectif du journaliste : stigmatiser, et provoquer le rejet.
Par quel détour de l’esprit peut-on accuser des jeunes, majoritairement nés en France et qui ne sont jamais allés dans le pays de leurs parents, de chercher à « prendre leur revanche sur la France colonisatrice » ? Naturellement il n’y a pas de question sociale, évidemment la ghettoïsation n’est pas un début d’explication, assurément l’islamophobie n’est pas à l’œuvre, et il est entendu que le football n’est pas un vecteur de canalisation de la violence.
Enjeux politiques
Décidément, la mondialisation n’épargne aucune activité humaine, le football en est une caricature. Ce miroir est déformant, il sur-agit sur nous, et nous projetons dans ce jeu nos contradictions. Certaines élites en sont réduites à chercher un bouc émissaire des maux d’un pays, qui recèle encore bien des trésors, alors que la fracture avec le peuple s’accroît chaque jour un peu plus. Dans les banlieues, comme dans les centres-villes, dans les provinces comme dans les usines, c’est la solidarité qui est à l’œuvre. C’est cela qu’il faut retenir, c’est le seul message à partager. On ne transige pas avec la dignité des Hommes, quelle que soit son origine, sa culture, ou sa citoyenneté.