Les dessous de la négociation à 30 millions de dollars entre l’ENTV et beIN SPORTS
Il s’agit bel et bien d’un dossier qui confine à la faillite pour l’ENTV dans le traitement du dossier des droits de retransmission de la Coupe du monde 2014. Selon des informations recueillies par TSA, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a même piqué une grosse colère quand il a reçu la facture pour le paiement des droits TV avant le début de la Coupe du monde.
Le montant que l’ENTV a payé à beIN SPORTS, détenteur des droits pour la région Afrique du Nord/Moyen-Orient, est bien de 30 millions de dollars pour 24 matches, somme jamais payée par la télévision publique algérienne, ainsi que TSA l’avait révélé le 27 mai dernier.
Aujourd’hui, le directeur de l’ENTV, interrogé en conférence de presse, a refusé de donner le prix réel payé par l’Algérie. Et pour cause, ce n’est même pas l’ENTV qui a payé la somme astronomique de 30 millions de dollars mais bien le Trésor public algérien qui a dû mettre la main à la poche. D’où la colère du Premier ministre.
Il est compréhensible que le directeur de l’ENTV ne rende pas publique la somme versée alors qu’il s’agit d’une négociation qui a tourné au désavantage complet des Algériens. Dans le même mouvement, l’ENTV a même négocié ces matchs sur le seul canal hertzien.
Par ailleurs, l’ENTV a acquis les droits de ces 24 matches dans le cadre d’une négociation avec beIN SPORTS, mais n’a même pas demandé ni obtenu l’annulation de l’amende de 1,5 million de dollars que beIN SPORTS avait infligée à l’ENTV via la Confédération africaine de football pour le piratage du match Burkina Faso-Algérie.
Outre les 30 millions de dollars et le maintien de l’amende, l’ENTV a péché – dans sa négociation peu regardante sur ses intérêts – par deux lacunes : elle a accepté de céder à beIN SPORTS un match par journée de championnat algérien et le résumé des matches de la journée dès la saison prochaine. De l’avis d’un expert du dossier, il s’agit là d’une négociation très favorable pour beIN SPORTS. « Jamais les responsables de BeIN SPORTS n’auraient pensé remporter un contrat si avantageux pour leur chaîne », assure cette source effarée.
À une dizaine de jours de l’ouverture de la Coupe du monde, l’équipe de l’ENTV chargée de la couverture de l’évènement au Brésil n’avait pas encore les accréditations nécessaires. BeIN SPORTS avait ainsi exigé le paiement du montant intégral des droits avant le début de la compétition. Et la remise des accréditations dépendait de ce paiement. Selon nos informations, beIN SPORTS a exigé de l’ENTV de ne pas annoncer l’acquisition des droits des 24 matches dont ceux de l’équipe nationale avant qu’il ne soit procédé au virement du montant de 30 millions de dollars.
Enfin, depuis 2002 les droits de diffusion de la Coupe du monde sont vendus sur la base de packages : 12 matches, 24 matches, 32 matches ou 64 matches (l’intégralité de la compétition). l’ENTV aurait pu se contenter de 12 matches ainsi que les matches de l’Algérie. La facture aurait été moins lourde comme cela a été le cas en 2010.