Laborieux
Les deux quarts de finale (France/Allemagne et Brésil/Colombie) qui se sont joués hier soir ont été laborieux. Le Brésil a fait le service minimum. Le match a été enflammé, en deuxième mi-temps, par les Colombiens. Quant aux Allemands ils sont fidèles à leur culture : efficaces, et rigoureux. Pas d’éclat, ni de fioritures. Pas ou peu de fluidité, de créativité ; bonjour tristesse. La France éliminée, et ce sont tous les Français qui refont le match, qui essuient leurs larmes, qui ressassent leurs déceptions.
Triste Brésil
Les Bleus ont déçu, c’est vrai. Ils ont fait pâle figure, ils n’ont pas donné le sentiment de vouloir emballer la rencontre, de pouvoir se lâcher. Il a manqué cet indéfinissable charme, colombien, mourir pour mourir, autant que ce soit avec honneur. Dommage, cette équipe nous a fait rêver. Depuis le début de ce Mondial 2014, nous sommes tous aux aguets d’un Brésil qui nous ferait vibrer, qui réveillerait nos souvenirs d’enfants, et qui nous ferait danser. Mais rien ne vient, triste Brésil, morne football.
Il me semble qu’il y a trop d’Europe dans le football d’aujourd’hui, et pas assez de plaisir. Ou plus exactement plus du tout culture, un alignement sur un modèle dominant. C’est une erreur grossière de croire que tout le monde peut utiliser le ballon comme des Européens. On est toujours le produit d’une culture, d’une histoire, il faut qu’elle s’exprime, qu’elle se libère, qu’elle se mêle à d’autres condiments, comme un plat que l’on adapte, chacun y met sa patte.
Passion et raison
Le Brésil joue comme l’Allemagne, et nous sommes tous frustrés. Les Brésiliens parce que ce n’est pas ce qu’ils attendent, ce n’est pas ce qu’ils ont vécu. Et puis, ils ne seront jamais allemands, et c’est tant mieux. C’est un constat un peu triste que je dresse ici. Cette uniformisation du football n’est pas une bonne nouvelle. Le football est à l’image de ce monde qui s’affadit. La supériorité, l’ultra-domination de l’Europe dans la mondialisation touche aussi le football.
À ce jeu là, ce sont toujours les Européens qui gagnent. Les autres, nous, les Sud-Américains, les Asiatiques, doivent inventer autre chose. Sans basculer dans la nostalgie, il nous faut concilier passion et raison. Les Fennecs nous ont régalés, et ils ont appris à gérer un score, tenir un match, et la rigueur défensive. Preuve que c’est possible. Que l’on peut s’adapter sans se renier.