Retour sur la levée officielle du monopole de Maroc Télécom sur le marché ADSL

17/08/2014 - 19:09


C’est la fin de monopole pour Maroc Télécom sur l’ADSL. Le régulateur a imposé à l’opérateur historique de partager ses équipements (extension d’armoires) avec d’autres fournisseurs d’accès Internet. Fin d’une époque qui ouvre la voie à la concurrence.
 
C’est une décision historique qu’a prise l’Agence nationale de la réglementation des télécommunications (ANRT) sur le dégroupage de la boucle locale de décréter la fin du monopole de Maroc Télécom sur l’ADSL. Le 17 juin dernier, le Comité de gestion de l'ANRT rend public une décision sur le dégroupage de la boucle et sous boucle locale. Il y est clairement signifié à l’opérateur historique de soumettre à l’approbation de l’ANRT, dans un délai de 45 jours, c’est-à-dire avant le premier août prochain, une offre technique et tarifaire de gros passive d’accès à sa sous boucle locale fixe filaire et de mettre à la disposition des opérateurs tiers une solution alternative, notamment par le biais de l’extension de son armoire de rue et ce, pour permettre la colocalisation des équipements desdits opérateurs au niveau des nouveaux nœuds de raccordement abonnés (NNRA) actuellement déployés par Maroc Télécom.
Pour tout déploiement futur de nouveaux nœuds de raccordement, l’opérateur historique "met en place des armoires de rue permettant l’hébergement des équipements de tous les exploitants", affirme l’ANRT. Cette décision du régulateur marocain des télécoms a été prise selon toute vraisemblance à la suite de sa saisine par les autres opérateurs. Maroc Télécom, de l’aveu même de son président de directoire, Abdeslam Ahizoune est en situation de monopole. Selon les données de l’ANRT, Maroc Télécom détient 99,95% du marché de l’ADSL au Royaume. Pour justifier cette position de monopole, les responsables de Maroc Télécom expliquent que le marché de l’ADSL n’est pas rentable pour qu’il soit attractif. Et si l’opérateur historique a décidé de l’investir, c’est pour assurer la mission de service public.
Inwi a porté la revendication
L’opérateur Inwi est l’un des plus grands promoteurs de ce dégroupage. D’ailleurs, il compte dès la levée de monopole se positionner sur le marché de l’ADSL marocain. Le dégroupage va ainsi ouvrir la voie à une véritable concurrence dans le secteur des télécoms. D’ailleurs le retard pris dans la généralisation du haut débit s’explique en grande partie par la situation de monopole exercé par l’opérateur historique. Une récente étude de la Banque mondiale sur l'Internet dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) note "qu’un degré de concurrence insuffisant et une réglementation peu effective pour l’accès ouvert au réseau posent d'importantes contraintes à l'exploitation efficace de la connectivité, régionale et internationale".
La levée du monopole de Maroc Télécom sur l’ADSL était dans l’air depuis plusieurs mois. C’est après une longue phase de négociation que l’on a abouti à cette solution "acceptable" qui engage l’avenir du secteur. Les concertations ont abouti. Maroc Télécom a donné son accord pour la mise à la disposition des exploitants tiers de liens en fibre optique entre son nœud de raccordement d’abonnés (NRA) et le NNRA de l’exploitant tiers déployé par ce dernier sur le domaine public, et a confirmé que dans l’hypothèse où la colocalisation au niveau de son NRA ne peut être fournie, elle mettra à disposition de l’exploitant tiers des liens en fibre optique entre le POP (point de présence opérateur) de ce dernier et son NNRA déployé sur le domaine public, dans la limite d’un rayon de 10 km.
Un déploiement à suivre
Toutefois, quelques points restent encore en suspens. L’opérateur historique s’est en effet opposé, en invoquant des raisons techniques et juridiques, à la fourniture de la prestation de colocalisation des équipements des exploitants tiers au niveau de ses armoires existantes ainsi qu’à l’installation d’armoires multi-opérateurs pour une partie de ses futurs NNRA qui sont potentiellement intéressants pour les exploitants tiers, étant entendu que ces derniers seront tenus de contribuer aux coûts d’implantation desdites armoires.
Maroc Télécom s’est également opposé à établir une offre de gros active livrée au niveau de son nœud de raccordement d’abonnés (NRA) au profit des exploitants tiers (solution dite de dégroupage virtuel ou «VULA : virtual unbundled local access »). Mais, l’ANRT considère désormais que pour la mise en place d’une offre de gros passive dans le cadre du déploiement actuel des NNRA de l’opérateur historique, "l’extension de l’armoire de rue est la seule solution qui s’impose" au regard du faible nombre d’abonnés rattachés à chaque NNRA qui "rend peu viable économiquement l’installation d’une armoire de rue propre à chaque opérateur".