Abdelhamid Zouba, ancien entraîneur national : « Le Mondial est au-dessus des possibilités de Vahid »

Abdelhamid Zouba, ancien  joueur de la glorieuse équipe du FLN, revient à travers cette interview sur le premier match des Verts au Mondial, critique Vahid et plaide pour une politique de formation dans le football en Algérie. Il pense que l’Allemagne est bien partie pour remporter le Mondial.

L’Algérie a raté son entrée au Mondial en s’inclinant face à la Belgique. Comment avez-vous trouvé la prestation de notre équipe ?

Tout d’abord, je voudrais exprimer ma grande déception. On ne s’attendait pas à voir un match de ce niveau-là. Le problème se pose au niveau de l’entraîneur national. Il n’a pas l’envergure nécessaire pour jouer des matchs de phase finale. Il l’a prouvé dernièrement en Coupe d’Afrique, il ne sait pas gérer. Il est peut-être bon pour les qualifications, pour jouer contre des équipes africaines mais là, c’est au-dessus de ses possibilités.

Vahid Halilhodžić a adopté une tactique trop défensive face à la Belgique. Qu’en pensez-vous ?

Effectivement ! Ça saute aux yeux ! Le problème est qu’en arrivant au Brésil, Vahid n’avait pas son équipe en tête. Logiquement, lors des deux matchs amicaux face à l’Arménie et à la Roumanie,  on aurait dû voir l’équipe qui jouerait au Mondial. Or à un joueur près, ça n’a pas été le cas. Contre la Belgique,  il fallait des joueurs vifs tels que Djabou ou Brahimi, mais on n’a pas vu cela. Passer un mois ensemble pour finalement produire un match de cette qualité !! Je pense que le coach actuel n’est pas quelqu’un qui sait parler aux joueurs pour les enflammer. Il n’a été d’aucun secours pour l’équipe qui avait besoin de lui dans les changements de joueurs mais également de la conception. La différence, c’est l’entraîneur belge qui l’a démontrée. Les Belges sont menés par 1 but à 0, Wilmots a senti qu’ils avaient besoin de lui, il a fait le nécessaire en effectuant des changements positifs, chose que Vahid n’a pas su faire. Je me demande pourquoi faire entrer Lacen, alors que l’équipe avait besoin d’attaquants, il aurait dû plutôt pousser Djabou et Brahimi.

Pour les deux matchs restants, pensez-vous que l’exploit est encore possible ?

Je pense que ça va être très difficile, car la Corée, ce n’est pas rien. C’est une équipe qu’il faut considérer. Elle a fait un match nul contre la Russie, ce n’est pas facile. Normalement, ce match nul doit, par conséquent, encourager les Verts. Maintenant,  est-ce qu’en quatre jours, il sera possible  pour notre équipe de récupérer ? Je pense aussi qu’il y a des changements à faire. Est-ce que ça va être positif ? Car certains joueurs n’ont pas l’habitude de jouer ensemble, ça ne va donc pas être très facile. À moins d’un soulèvement de la part de Bougherra et ses camarades. Je crois qu’il ne faut pas trop écouter le coach. Il faut, ensemble,  avoir les qualités des joueurs algériens. Il faut qu’ils réagissent. Ce n’est plus un problème de conception ou d’organisation, c’est un problème de volonté. Les joueurs doivent  tenir compte des circonstances dans lesquelles vivent les spectateurs qui sont allés au Brésil les soutenir. Ils doivent penser simplement à cela et se donner à fond. Ce n’est que de cette manière qu’il serait possible de faire quelque chose.

L’Espagne a été éliminée par le Chili. Que pensez-vous du niveau de ce Mondial ?

Cela prouve, tout simplement, que les pays travaillent et s’occupent de la formation de leurs jeunes joueurs tels que la Colombie et le Costa Rica. Les équipes qu’on n’attendait pas du tout sont en train de faire la Coupe du monde. Pour l’Espagne, je pense qu’elle s’est contentée de ses anciens joueurs alors que la relève est indispensable. Il fallait prévoir cela. Quand je vois des équipes telles que la Belgique ou encore la Corée qui a tenu en respect la Russie, tous ceux qui passaient pour des équipes de moindre importance, ont prouvé qu’à force de travailler, on arrive. Il y a de l’évolution dans le football, on a vu le jeu extraordinaire de l’Australie. Il faut attendre également le Nigéria qui peut revenir à la surface. Concernant le Brésil, je dirai que je n’ai pas trop confiance, je n’ai pas été satisfait contrairement à l’équipe d’Allemagne qui a su réagir, former et équilibrer ses  joueurs. Je souhaiterai également ajouter quelque chose….

De quoi s’agit-il ?

S’agissant de l’Algérie, je me demande est-ce qu’on va continuer à ignorer le football national ? Il va falloir qu’on se mette sérieusement au travail et déterminer une politique de football pour les jeunes. Notre seul souci maintenant devrait être la formation de nos joueurs et de nos entraîneurs. On ne peut pas dire que c’est le football algérien qu’on voit actuellement avec la sélection nationale. Ce sont des joueurs qui rendent service à leur pays, mais notre véritable fond de jeu, nous ne le voyons pas. C’est donc une occasion pour qu’il y ait un rassemblement et un travail à déterminer en direction des jeunes. Aucune qualification à aucune compétition dans le monde n’a le droit de sacrifier notre jeunesse. Il est indispensable de commencer à travailler pour former nos joueurs car on a un grand potentiel. Notre problème, c’est la formation à partir des clubs.

Avez-vous déjà une idée sur l’équipe qui pourrait remporter le sacre cette année ?

C’est l’équipe qui domine la compétition, à savoir l’Allemagne. Néanmoins, je crois qu’il faut attendre  les quarts de finale et voir quelles sont les équipes qui s’imposeront même si, pour ma part, je vois d’ores et déjà l’Allemagne vainqueur de cette édition.