«La règle du 51/49 risque de faire échouer le forum économique algéro-espagnol» - Consultant
Le ministre espagnol des affaires étrangères a-t-il convaincu le président Bouteflika de changer la règle du 51/49 ? (DR)
Selon lui, si les échanges commerciaux entre les deux pays ont fortement progressé ces dernières années, « la tentative de faire évoluer l’investissement espagnol en Algérie est vouée à l’échec ». M. Kherchouche fera remarquer, à ce propos, que « les Espagnols considèrent la règle 51/49% comme un véritable obstacle pour eux car ils ne conçoivent pas un modèle d’investissement dans lequel ils sont actionnaires minoritaires, du moins dans un pays comme l’Algérie ».
L’expert s’appuie non seulement sur les déclarations faites par les opérateurs espagnols en visite en Algérie, mais aussi sur les propos tenus par le ministre espagnol des Affaires étrangères et de la coopération, José Manuel Garcia Margallo. « La règle 51/ 49% appliquée en Algérie représente un obstacle pour les entreprises espagnoles et tout particulièrement pour les PME intéressées par le marché algérien », avait déclaré le ministre espagnol lors du point de presse tenu en marge du forum. « Nous souhaiterions que le gouvernement algérien fasse le nécessaire pour assouplir cette règle », avait-il également indiqué.
Pour M. Kherchouche, ces déclarations en disent long sur la vision des Espagnols et sur le regard qu’ils portent sur la règle 51/49% imposée à l’investissement étranger en Algérie. « Les Espagnols souhaitent essentiellement faire du commerce avec l’Algérie ou, dans le meilleur des cas, réaliser des projets clé en main et repartir. Très peu d’entre eux pensent sérieusement à investir localement en entrant en partenariat avec un opérateur local ».
Faire appel aux algériens d’Espagne
Il y a lieu de signaler, au passage, que le nombre des entreprises espagnoles installées actuellement en Algérie est de 159. Un nombre jugé peu élevée si l’on prend en considération la volonté affichée des deux côtés de la Méditerranée pour développer le partenariat entre les entreprises des deux pays.
Jamel Kherchouche propose, afin de garantir la réussite du partenariat algéro-espagnol, de faire appel aux opérateurs algériens installés en Espagne. « Ces opérateurs qui connaissent les deux pays peuvent faire quelque chose de sérieux et de palpable. En réalité, c’est par eux qu’il faut commencer », assure notre interlocuteur. « Cette solution est valable pour les autres pays européen et notamment la France qui compte le plus grand nombre d’opérateurs algériens », ajoute le consultant.
« Investir et faire du commerce avec un pays sont deux choses très différentes », constate M. Kherchouche qui signale que l’investissement implique une parfaite connaissance du pays où l’on veut investir. « Les opérateurs occidentaux qui veulent investir en Chine par exemple commencent par lire « l’art de la guerre » de Sun Tzu pour mieux comprendre la culture du pays avant même de passer à l’acte. En Algérie, il y a une forte culture orale et c’est précisément pour cela que je conseille à mes clients de connaître d’abord les Algériens, de les écouter et d’essayer de les comprendre avant d’investir dans leur pays ».
Lors du forum algéro-espagnol, la priorité avait été accordée aux secteurs de l’industrie, du bâtiment, du tourisme et de l’environnement.