La fête à l’aéroport d’Alger, le calvaire à Belo Horizonte : voyage mouvementé pour les supporters des Verts au Brésil

16/06/2014 - 20:24


« 1, 2,3, Viva l’Algérie » raisonnait dans le terminal 3 de l’aéroport Houari Boumédienne, durant la nuit du dimanche 15 juin. Ornés de chapeaux aux couleurs de l’Équipe nationale, Vuvuzela et tambours à la main, les supporters des Verts en direction du Brésil ne cachent pas leur bonheur de pouvoir faire tous ces kilomètres pour apporter leur soutien à leur équipe de cœur.

Arrivés le lendemain au Brésil, la bonne humeur a cédé la place à la colère. Les supporters ont dû attendre plus de 10 heures pour avoir leurs chambres d’hôtel… Retour sur le parcours de 261 supporters algériens en direction du Brésil.

Arborant fièrement les couleurs de l’Équipe nationale et celles du drapeau algérien, Nadjib et Zaki sont deux jeunes de 21 ans qui viennent d’arriver à Alger en provenance d’Oran. Destination, le Brésil. « Nous venons d’arriver d’Oran pour embarquer directement vers le Brésil », nous disent-ils fièrement. La passion des deux amis est plus forte que tout. « Ni l’argent, ni la distance ne nous auraient dissuadés d’aller soutenir l’Équipe nationale », nous explique Nadjib tout excité. Ses yeux étincelants témoignent de l’amour qu’il porte pour le football en général, et pour les Verts en particulier. « C’est une équipe forte, je ne dirais pas qu’on aura la Coupe du monde mais une chose est sûre, c’est que les Verts se qualifieront pour le second tour », dit-il avec assurance. Son ami Zaki est du même avis. Ce commerçant garde un très bon souvenir de la Coupe d’Afrique. « Je les ai déjà suivis en Afrique et je ne pouvais pas rater la Coupe du monde », explique-t-il.

Le football rassemble toutes les générations !

La Coupe du monde et l’équipe algérienne font rêver grands et petits. La preuve, trois quinquagénaires, le sourire aux lèvres, font la queue pour enregistrer leurs bagages. Ce sont trois amis, qui exercent tous le même métier. « Nous sommes enseignants à l’université de Batna », affirment-ils. Cette Coupe du monde est pour eux un « retour vers la jeunesse ». Enthousiastes et confiants, les trois amis sont persuadés qu’ils vivront une expérience magique. Mohammed est, lui, âgé de 63 ans, il accompagne également son groupe d’amis. Ce retraité suit l’équipe algérienne là où elle va. « Je suis l’Équipe nationale comme son ombre depuis 1982 », nous raconte-t-il avec émotion.

Abd El Rahmane porte pour l’Équipe nationale la même passion que Mohammed. Du haut de ses 11 ans, il est déjà  un grand fan de l’Équipe nationale de football. Les dix heures de vol ne lui font pas peur. « Je suis très heureux et j’ai hâte d’y être », dit-il timidement. Accompagné de son oncle, ses cousins et de son père, le chérubin n’a d’yeux que pour son joueur préféré, Taider. Pour lui, aucune équipe ne peut battre l’Algérie.

Dans la salle d’embarquement des personnes de tout âge font la fête. Même les policiers et le personnel de l’aéroport semblent apprécier ces moments de joie. « Les gens mettent vraiment de l’ambiance. Cela fait chaud au cœur », nous dit un policier qui discutait avec quelques supporters. L’attente est longue, elle a duré plus de 4h. Le calme commence à s’installer.

À 3h30, le Boeing, en vol spécial  vers le Brésil décolle. Malgré l’heure tardive et un taux d’humidité élevé, les supporters gardent la forme, c’est au son des tambours et des chants qu’ils prennent place à bord de l’avion. Les heures passent, les esprits se calment, mais dès que les billets des trois matchs de l’Équipe nationale sont distribués, l’euphorie recommence. « Inchallah, nous serons qualifiés », n’ont cessé de répéter les nombreux fans de l’Équipe nationale.

L’avion atterrit à l’aéroport de  Belo Horizonte (bel horizon en français), le dimanche 15 juin à 9h30. C’est dans cette ville que se déroulera le premier match qui opposera l’Algérie à la Belgique.

Plus de 10 heures d’attente pour avoir une chambre !

Les bus ont pris le chemin de l’hôtel. L’enthousiasme et la joie des 261 supporters se sont vite estompés une fois arrivés sur place. Le guide indique qu’en attendant que les chambres d’hôtels soient prêtes, il est conseillé d’aller faire du shopping dans un centre commercial se trouvant à quelques mètres. Il est 11h. Malgré la fatigue, les Algériens gardent le sourire, pourtant leur enchantement va vite laisser place à la colère. Les heures passent et les chambres ne sont toujours pas prêtes. La petite cour de l’hôtel s’est transformée en un abri, les supporters sont couchés à même sur le sol, prenant leur mal en patience.

À 16h et en voyant qu’aucune personne n’a obtenu une chambre, les esprits ont commencé à s’échauffer. Au lieu de chercher une solution, l’hôtel a appelé les services de l’ordre qui sont intervenus et ont fait sortir dans la petite cour de l’hôtel les personnes qui réclamaient une chambre à la réception. « Ce sont des mesures de sécurité. Les employés de l’hôtel vont régler la situation et pour qu’il y ait une meilleure organisation, ils vont appeler les personnes une par une », nous explique une policière devant la porte. Interrogé, un employé de l’hôtel explique que l’agence de voyage  Touring Voyage (TVA), chargé d’organiser le voyage, a envoyé des listes par ordre alphabétique et, de ce fait, la répartition des chambres s’est faite sur la base de cette liste ce qui ne correspond pas aux attentes des supporters. « Comment voulez-vous que l’on accepte des chambres mixtes ? », nous explique un supporter.

Après deux heures, une autre explication est donnée : « Patientez, les chambres ne sont pas prêtes car les supporters colombiens ne les ont pas libérées tôt », essaie de calmer une employée. Les supporters qui ont fait le voyage et dépensé des sommes importantes pour pouvoir être aux côtés de l’Équipe nationale sont déçus et très en colère contre TVA. « Où sont-ils ? Ils ont pris l’argent et nous ont laissé tomber », répètent-ils. En effet, aucun représentant de TVA n’était sur place, et aucun numéro n’a été fourni pour pouvoir les joindre en cas de problème.

Ce n’est qu’à 23h que tout le monde a pu rejoindre sa chambre. Au petit matin de ce lundi 16 juin, les supporters avaient l’air fatigué après avoir passé une nuit agitée, mais la bonne humeur a repris le déçu. « Nous sommes là pour l’Équipe nationale. Peu importent les conditions, nous les soutiendrons jusqu’au bout », nous dit un supporter avec un sourire éclatant. Le Mondial peut commencer !