La CIPA, soutien de Bouteflika, demande de nouvelles faveurs pour les entreprises

25/03/2014 - 13:37


Une organisation patronale a renouvelé son soutien au président Abdelaziz Bouteflika en vue de la présidentielle du 17 avril. En contrepartie, elle présente la facture des revendications.
 
Au second jour de la campagne électorale en vue de la présidentielle du 17 avril, la Confédération des Industriels et producteurs algériens (CIPA) a apporté un soutien appuyé au président Abdelaziz Bouteflika, qui brigue un quatrième mandat. Le vice-président de la CIPA, M. Abdelouahab Ziani, a renouvelé cet appui, accompagné par une série de revendications, dominées par des demandes d’aides supplémentaires et une protection accrue du marché algérien.
M. Ziani a affirmé lundi, au cours d’une émission de radio, la « soif »de son organisation « de voir se poursuivre le programme économique » du président Bouteflika.« Je suis pour la poursuite d’un programme économique qui a donné des résultats », a déclaré M. Ziani, précisant que les patrons « veulent continuer avec un programme qui a porté ses fruits ». « Les entreprises algériennes commencent à s’enrichir, et c’est très bien », a-t-il ajouté, rejetant « les promesses électoralistes » qui « ne nous intéressent pas ». Il a reproché aux autres candidats de ne pas avoir organisé de concertation avec les entreprises lors de l’élaboration de leur programme économique.
« Le prochain président doit être très engagé envers l’entreprise », a déclaré M. Ziani. Il aura à prendre des initiatives pour « absorber le chômage », pour « créer des entreprises, mais aussi pour assurer la pérennité de celles qui existent ». Il doit aussi travailler à « impliquer davantage la jeunesse », en « réhabilitant la notion de travail » et à mettre fin à « la facilité ». Interrogé pour savoir s’il approuve le point de vue selon lequel les jeunes « n’aiment pas travailler », il a déclaré : « c’est une réalité ».
Plus de protectionnisme
Le vice-président de la CIPA a appuyé le maintien de la règle du 51/49, affirmant que « la supprimer, c’est hypothéquer l’avenir de nouvelles générations ». Pour lui, il faut « garder cette règle pour protéger l’entreprise algérienne ». Il ne veut même pas que la règle soit modulée pour être limitée à certains secteurs considérés comme stratégiques, comme le souhaitent d’autres organisations patronales. « Pourquoi aménager cette règle puisque les entreprises étrangères l’ont acceptée ? », a t-il demandé, affirmant qu’il « faut favoriser l’entreprise algérienne ».
M. Ziani ne voit pas non plus l’utilité des investissements algériens à l’étranger, alors que des groupes, comme celui de l’homme d’affaires Issad Rebrab, souhaitent s’élargir à l’international, par le biais d’acquisitions en Europe et en Afrique notamment. « Pourquoi aller investir ailleurs alors qu’il y a un eldorado qui s’appelle l’Algérie ? », a t-il dit. « On peut investir en Algérie, pourquoi prendre les richesses de l’Algérie pour créer des emplois ailleurs alors qu’on peut tout faire en Algérie ? ». Pour lui, les Algériens ne sont « pas encore prêts à investir à l’étranger », d’autant plus qu’il y a « énormément de filières vierges chez nous ». Il suffit, selon lui, de « réorienter les entreprises vers ces segments qui sont vides ».« On ne veut pas une ouverture tous azimuts », dit-il, affirmant que « l’entreprises a besoin d’être protégée par l’Etat ». Il a toutefois recommandé au gouvernement de ne plus accorder de facilités aux « filières saturées ».
Réévaluer le dinar
M. Ziani a également pris tout son monde à contrepied en réclamant une réévaluation du dinar algérien, alors que la plupart des économistes souhaitent une dévaluation pour décourager les importations et favoriser la production locale. « Il faut réévaluer le dinar, pas le dévaluer », a déclaré M. Ziani, pour qui « l’entreprise algérienne est faible en raison de la faiblesse de sa monnaie ».
Il a aussi remis en cause l’accord d’association avec l’Union européenne et celui conclu dans le cadre de la Zone arabe de Libre échange (ZALE). L’abrogation de l’accord de la ZALE est un « point essentiel » dans les revendications du patronat, car « il a détruit des pans entiers de l’industrie algérienne ». Selon lui, l’Algérie « n’a pas les moyens de vérifier que les produits importés de ces pays y sont réellement fabriqués ». Il a affirmé que de nombreux produits « sont importés d’Asie, transitent par ces pays et sont écoulés en Algérie ». Il a, en conséquence, appelé à « réguler les importations », y compris en envisageant d’«établir des contingents ».
Remous dans le monde patronal
Même s’il reconnait que l’Algérie est le pays « le moins cher dans tout le bassin méditerranéen en termes de fiscalité », il souhaite davantage de facilités, avec une « fiscalité fluide ». De même, il reconnait que le gouvernement accorde beaucoup de facilités de crédit, mais il demande à l’exécutif de « « continuer à réformer les banques ». Seule critique claire de l’action gouvernementale, l’inefficacité dans l’exécution des décisions. Il a ainsi souhaité que « les programmes conclus lors des tripartites soient appliqués ».
L’appui de la CIPA intervient après celui du Forum des Chefs d’entreprises (FCE), dirigé par le très médiatique Rédha Hamiani. Le FCE avait longuement hésité, avant de voter à mains levées un soutien au président Abdelaziz Bouteflika. Cela avait provoqué de sérieux remous au sein du monde patronal. Des patrons médiatiques, comme Issaad Rebrab, première fortune d’Algérie, et Omar Ramdane, ont exprimé leur réserve et refusé d’avaliser la décision. Slimane Othmani, patron de NC Rouiba, très impliqué dans la vie associative et les débats économiques, a de son côté décidé de claquer la porte du FCE en raison du soutien au quatrième mandat de M. Bouteflika.